Est-il possible d’être en déplacement et productif à la fois? Visiblement c’est le pari de l’Organisation Non Gouvernementale Action Humanitaire pour la Solidarité et le Développement, SHAD/AHSD en sigle. Cette organisation a négocié un champ des démonstrations à côté du site des déplacés de Mudja en territoire de Nyiragongo. Cette étendue à mesure d’occuper plus de 200 personnes dont une par famille a vu ses usagers se mettre dans la culture des légumes.

L’ONG SHAD a initié, sur fonds propres, le «Projet des champs communautaires pour l’autonimisation des déplacés », projet qu’elle mène et qu’elle compte étendre. Le vœu ici est de contribuer à l’autoprise en charge des déplacés et la lutte contre la malnutrition dans leurs sites de déplacement et les zones environnantes. Pour cette première phase, les déplacés ont cultivé les amarantes et les choux, après la récolte, ces derniers se sont partagés les produits dont certains pour la consommation en famille et d’autres pour la mise sur le marché afin de contribuer à l’économie familiale.
Nyirarukundo Odette, l’une des bénéficiaires de ce projet n’a pas caché sa satisfaction après récolte de ces produits ; pour elle, ce projet est une manne venue du ciel.

«J’ai eu deux enfants qui sont tombé dans la malnutrition depuis que nous sommes en déplacement. C’est vrai on peut avoir de l’aide mais elle ne vient pas chaque jour. On peut passer même 3 à 6 mois sans avoir quelque chose. Mais de telles activités qui nous mettent en mouvement nous permettent aussi de lutter activement contre le kwashiorkor… » : a dit cette dame, rencontrée dans le champ en pleine récolte et visiblement contente.

Des bénéficiaires le jour de la récolte

Et d’ailleurs c’est ce que renseigne Monsieur Kitete Mbilizi Chrispin, coordonateur national de cette ONG. Il pense que les déplacés n’ont pas seulement à attendre de l’aide. Ils peuvent aussi contribuer à leur survie sur place, cela requiert seulement un encadrement.

«Nous avons pensé que nos frères en déplacement pouvaient aussi lutter de la manière qui leur est familière; et c’est l’agriculture. Ils sont venus de partout et ils étaient agriculteurs. Les occuper de cette façon semble être une manière de les destresser et les ramener dans leur environnement quotidien. Cela aussi et une façon de les amener à ne pas compter qu’au dons qui malheureusement ne viennent pas chaque jour » a indiqué Monsieur Kitete.

Cette œuvre est venue apporter un soutien de taille aux familles bénéficiaires.

«De mes récoltes je vais vendre une partie pour contribuer au petit commerce en faillite de mon épouse. L’autre partie va nous aider en famille. » a dit Mugisha Moïse.

Supervision d’un moniteur agricole

L’avis de celui-là illustre la volonté des animateurs de cette organisation non gouvernementale qui cherche à réduire le pauvreté dans les sites des déplacés malgré que cela soit fait avec des moyens de bord.

Kitete Mbilizi Chrispin, le coordonnateur de cette organisation note avec satisfaction les retombées de ce projet sur la vie de ses bénéficiaires. Celui-ci pense initier une deuxième phase et l’intensifier dans d’autres sites des déplacés pour que nombreux en soient bénéficiaires. Par contre, celui-ci reste buté sur la question des financements, il travaille avec des fonds propres qu’il qualifie de moyens de bord.

«Notre objectif est d’autonomiste le plus grand nombre de nos frères déplacés.  Malheureusement nous n’avons pas assez de moyens pour le faire et, c’est là l’obstacle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous tendons la mains aux organisations qui interviennent dans la sécurité alimentaire, qu’elles soient gouvernementales ou non, nationales ou non, qu’elles nous viennent en appui pour réduire la pauvreté de nos compatriotes… » dit-il.

A lui de poursuivre que sont organisation n’est pas à la première phase de  cet exercice.
« Nous ne sommes pas à notre première expérience. Nous l’avons fait en 2015 et 2016 dans le Masisi et Rutshuru et cela a donné de bons résultats. Avec les déplacés là-bas nous faisions la culture maraîchère, pomme de terre, haricot, amarantes et bien d’autres. La bonne nouvelle est que cela ait contribué à la réduction de la malnutrition dans les sites. C’est d’ailleurs pourquoi nous demandons de l’aide car seuls nous ne saurons pas couvrir le gap. »

Il est indispensable de préciser que l’ONG Action Humanitaire pour la Solidarité et le Développement est une organisation de droit congolais qui n’est pas à sa première expérience. Celle-ci a beaucoup œuvré dans ses domaines d’intervention qui vont de l’éducation à la santé passant par la sécurité alimentaire, eau, hygiène et assainissement et bien d’autres secteurs.

Stoïcien Sky Lwembo

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