En République Démocratique du Congo, les femmes rurales, piliers de l’agriculture, sont en première ligne face aux impacts dévastateurs du changement climatique. Selon le fonds des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), les femmes rurales en RDC, représentent environ 70 % de la force de travail agricole. Malgré leur contribution essentielle à la sécurité alimentaire et à l’économie locale, elles subissent de manière disproportionnée les conséquences de ce phénomène.

Pour répondre à cette problématique, IPAS RDC, en partenariat avec le gouvernement congolais a organisé à Buhimba en ville de GOMA ce vendredi 22 Novembre avec ses partenaires de la division du Genre et SOFEPADI une activité de sensibilisation des femmes rurales sur la justice climatique, l’agriculture en situation d’urgence ; défis et moyens de résilience pour une autonomisation.

Les échanges lors de cette rencontre ont prouvé qu’il ya des liens étroits entre le changement climatique et la santé sexuelle et reproductive des femmes. Les participants ont pu comprendre que les événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les inondations et les éruptions volcaniques, ont des répercussions directes sur la vie des femmes :

-Accès limité aux services de santé: Les catastrophes naturelles détruisent souvent les infrastructures sanitaires, limitant ainsi l’accès des femmes aux soins de santé reproductive, notamment la contraception et la planification familiale.

-Augmentation de la violence basée sur le genre: Les périodes de crise et de pénurie exacerbent les tensions sociales et augmentent les risques de violences sexuelles et basées sur le genre.

-Mariages précoces et grossesses non désirées: La pauvreté engendrée par le changement climatique pousse les familles à marier précocement leurs filles ou à les contraindre à des échanges sexuels en échange de nourriture ou d’argent.

-Maladies liées à l’eau et à l’assainissement: La dégradation de l’environnement et la pénurie d’eau potable favorisent la propagation de maladies telles que le choléra et les infections urinaires.

Afin de renforcer la résilience des communautés face au changement climatique, IPAS RDC a ciblé une cinquantaine des femmes leaders de l’air de santé de Bihimba.

Ces dernières sont appelées à jouer un rôle clé dans la sensibilisation de leurs communautés et dans la promotion de pratiques durables. Les participants ont été équipés des connaissances nécessaires pour :

-Comprendre les liens entre le changement climatique et la santé sexuelle et reproductive

-Identifier les risques spécifiques auxquels elles sont confrontées

-Mettre en place des stratégies d’adaptation

-Défendre leurs droits et ceux de leurs communautés

-les instruments juridiques qui parlent de la santé sexuelle et reproductive( protocole de Maputo)

-comment prévenir les conséquences du changement climatique.

Pour Célestine buyibuyi, médecin de formation et chargée de l’engagement communautaire chez IPAS Nord-Kivu, il était important d’échanger avec ses femmes paysannes vu le contexte actuel.

« Le partage de l’information et de la connaissance est une chose très très capitale au niveau communautaire et bon si on peut parler un peu de la Bible on dit que le peuple périt par manque de connaissance, alors si les femmes continuent à faire des avortements en cachette et d’autres pratiques en mettant leur vie en danger ne sachant pas que le protocole de Maputo existe, on en a parlé dans les discussions il y a beaucoup de femmes qui étaient choquées au début de l’activité mais c’est quoi ce que vous nous amenez ici là pour tout le monde c’est pas permis et tout mais juste à la fin on réalise qu’il y a des femmes qui commencent à nous dire en tout cas merci beaucoup pour ces enseignements car nous avons perdu des femmes amies suite à l’ignorance «  déclare Célestine. 

« Nous avons choisi des femmes leaders qui sont capables de transmettre le message de femmes qui sont capables de changer la communauté parce que le message ne doit pas rester seulement entre elles, c’est un message qui doit être partagé à la voisine, aux voisins , la fille de la voisine et alors propre fille etc. Elles portent la voix des femmes. Nous avons même partagé une cartographie de nos structures sanitaires que nous appuyons pour de référencement s’ils ont besoin d’une assistante quelconque sanitaire et encore dans un camp juste à côté d’ici le camp de Bulengo , qui est un de plus grands camps autour de la ville de goma où nous avons une clinique mobile par exemple qui offre de soins gratuits 24 heures sur 24 dans l’air de santé de Buhimba. Nous avons aussi un centre de santé qu’on appelle alléluia où les femmes peuvent avoir facilement accès aux soins, il n’est pas loin d’ici donc en choisissant même le lieu de l’activité nous avons choisi l’air de santé ou nous travaillons ou facilement les femmes peuvent avoir accès aux soins » poursuit la chargée de l’engagement communautaire IPAS Nord-Kivu.

Le changement climatique est l’une des crises majeures de notre époque, et la santé et les droits sexuels et génésiques des personnes sont affectés par cette crise. Les effets du changement climatique constituent une catastrophe mondiale sur le plan de la santé publique, de l’économie, de l’aide humanitaire et de l’égalité des sexes.

Pour une contrée qui subit des changements climatiques, une marche plus longue pour aller chercher de l’eau ou une nouvelle source de nourriture peut accroître la vulnérabilité des femmes au viol et aux grossesses non désirées, agression physique, les IST/VIH… qui s’ensuivent.

Les témoignages des femmes présentes lors de la session ont mis en évidence la réalité vécue sur le terrain. De nombreuses participantes ont partagé leurs expériences personnelles, soulignant les défis auxquels elles sont confrontées au quotidien.

Par exemple, une femme a raconté comment les pluies diluviennes et les inondations récentes avaient détruit les installations sanitaires de son camp, augmentant ainsi le risque d’infections.

Une autre a évoqué le cas d’une jeune femme décédée des suites d’un avortement non sécurisé, soulignant l’importance d’une meilleure information et d’un accès aux services de santé sexuelle et reproductive.

Notons que la sensibilisation organisée à Buhimba ce vendredi 22 Novembre 2024 sous l’appui de l’ambassade de Suède, est un pas important vers l’autonomisation des femmes rurales congolaises. En les dotant des outils nécessaires pour faire face aux défis du changement climatique, celà contribue à renforcer leur résilience et à améliorer leur qualité de vie. Il est essentiel de poursuivre ces initiatives et de mobiliser davantage de ressources pour soutenir les femmes dans leur lutte pour un avenir plus durable.

 

MUNGUIKO THIERRY Horneyssie 

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