Les positions se dessinent et se radicalisent, les opinions se cristallisent et pire, elles se radicalisent. Le débat entre partisans de différents candidats devient de plus en plus houleux dans toutes les plateformes de rencontre.

Tout laisse présager une dégénérescence de la situation si rien n’est fait pour asseoir les acteurs politiques et leurs partisans pour les faire comprendre le sens des mots « adversaires et ennemis ».

Des discours identitaires passant par des règlements des comptes personnels, des déclarations politiques de différentes formations qui s’accusent mutuellement, des menaces des uns envers les autres; en tout cas les QG des acteurs politiques bouillonnent pour le moment; en attente des résultats des législatives.

Cette situation ne se limite pas qu’aux politiciens. Toutes les couches de la population ou presque se sont appropriées la question; sur influence des leaders politiques sans aucun doute.

Justin (prénom modifié), un père de famille,   discute avec un groupe de jeunes, celui-ci défend farouchement son candidat aux législatives, il va jusqu’à proférer des menaces à ses adversaires. « Nous sommes les natifs de Nyiragongo. Arrêtez de venir nous envahir chez-nous. Cettefois nous aurons des élus originaires de chez-nous et, si la CENI [Ndrl: Commission Electorale Nationale Indépendante] proclame le contraire, nous saurons nous prendre en charge. Nous ne ferons plus la même chose qu’en 2018… » dit Monsieur Justin avec un ton visiblement menaçant.

De l’autre côté, Monsieur Moïse (Prénom modifie), plus jeune que le premier, défend une autre position. Pour lui, la politique tribale doit être bannie, encore plus dans un territoire aussi hétéroclite comme Nyiragongo. Celui-ci pense que l’identité d’une personne est définie par la constitution congolaise qui accorde le droit à tout congolais de s’installer et de se présenter aux élections dans la circonscription de son choix. « Vous avez une vision rétrograde et moyenâgeuse de la politique et c’est pourquoi vous maintenez notre territoire dans cette situation. Entre un natif qui ne nous a servi à rien après avoir représenté le territoire pendant plus de 10 ans et un non natif congolais qui a prouvé ses capacités, qui choisissez-vous? Renseignez-vous sur l’ancien gouverneur Konde Vila Kikanda. Arrêtez vos menaces et attendons la suite du processus… » argumente Mr Moïse.

Vue aérienne d’un partie du territoire de Nyiragongo

Là n’est que l’échantillon de ce qui se passe sur tous les terrains en territoire de Nyiragongo. Les groupes whatsapp et autres réseaux sociaux sont inondés des messages de la sorte. C’est comme un message d’un internaute tiré au hasard dans le groupe whatsapp Jeunes Positifs de Nyiragongo qui disait « …Nous avons deux sièges seulement à nyiragongo et puis si même ces deux sièges nous les donnons aux étrangers qui ne sont pas natifs de nyiragongo quel serait notre sort après. Nous devons changé quand-même, pour ne pas se retrouver ouvriers dans nos propres sols…. » écrivait cet internaute.

Dans l’entretemps, le torchon brûle aussi du côté des acteurs politiques influents du territoire. Les uns accusent les autres de diabolisation et d’instrumentalisation de certaines structures pour des fins électoralistes et divisionnistes, là les autres répliquent en pointant du doigt l’autre camp des magouilles lors des élections du 20 Décembre 2023.

Il faut noter que certaines structures et organisations sensées être apolitiques sont tentées de prendre position pour telle ou telle autre partie.

Lucien Baraka Birongo, un analyste politique et acteur social essaie de rappeler aux différentes partie leurs responsabilités dans cette question d’après élections. « Il est aberrant d’entendre des propos, comme ceux auxquels nous assistons, provenir des bouches de ceux qui prétendent plaider la cause de la population. Au lieu de se mettre ensemble et attendre sportivement les résultats qui seront publiés par la CENI, c’est honteux de les voir dans débats de bas étage. Imaginez un instant si pour les 2 sièges de Nyiragongo, la CENI proclamait les candidats des camps opposés; c’est déjà un très mauvais départ pour eux! Comment sauront-ils plaider la cause des habitants pendant qu’eux ne s’entendent pas dès la base? » a fini par se questionner Monsieur Lucien.

Pour tenter d’apaiser la situation, Monsieur Tusi Bikanaba Déogratias, Président provincial de la communauté Kumu, communauté majoritaire dudit territoire, a adressé un message, via toujours ces mêmes canal. Dans son message, celui-ci a appelé tout le monde à la retenue. « Restons unis et solidaires car les élections ont pris fin mais la fraternité reste et l’amour reste.

Faisons tout le nécessaire pour que les élections ne nous divisent pas et crée le lit des troubles et que vive la paix sociale, la sécurité et la cohabitation pacifique entre nos communautés en territoire de Nyiragongo (Chefferie de Bukumu). »; a écrit ce notable de Nyiragongo. Celui-ci a pourquivi en ce sens : « J‘appelle tous les candidats à tous les niveaux en territoire de Nyiragongo au calme et à la responsabilité, tout acte de violence n’avantagera pas votre futur politique moins encore à la population que vous estimez défendre. »

En rappel, il y a sous peu le territoire de Nyiragongo était l’un des rares en province du Nord Kivu qui n’avait aucun groupe armé. Depuis un moment on signale la montée en puissance de ces derniers sur place. Certains analystes vont même plus loin en liant la politique à ceux-ci si les choses ne se passent pas comme les officines politiques le préparent.

Stoïcien Sky LWEMBO

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