Les groupes armés se servent de la vente de charbon de bois pour financer leurs activités. Image de Axel Fassio/CIFOR-ICRAF via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Dans les profondeurs luxuriantes de l’Est de la République Démocratique du Congo, le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), classé patrimoine mondial de l’UNESCO, subit une agression lente mais constante. Cette fois, ce n’est ni le braconnage ni l’exploitation minière illégale qui fait les gros titres, mais un autre fléau silencieux : le trafic de braises issues de la carbonisation du bois. Un commerce lucratif, alimenté par une demande croissante en énergie domestique, mais aux conséquences écologiques dévastatrices.

Chaque jour, des sacs de braises noires quittent les abords du parc, transportés à dos d’homme, en moto ou en camion, en direction des marchés de Bukavu, Kavumu et même jusqu’à Goma. Derrière cette activité, souvent illégale, se cache une organisation bien rodée, mais aussi des réalités sociales et économiques complexes.

Les groupes armés se servent de la vente de charbon de bois pour financer leurs activités. Image de Axel Fassio/CIFOR-ICRAF via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

La carbonisation, procédé qui consiste à brûler du bois dans des fours artisanaux pour produire du charbon de bois, implique l’abattage massif d’arbres, souvent centenaires. Et ce bois provient en grande partie du PNKB lui-même, malgré son statut protégé.

  « Nous savons que c’est interdit, mais comment faire ? Nos enfants doivent manger « , confie Ansima Nombre, un vendeur de braises rencontré sur le marché de Miti. Il explique qu’il se rend régulièrement à l’intérieur du parc, en contournant les patrouilles de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature), pour récolter le bois nécessaire à son activité.

Pour des familles entières, la vente de braises est une source unique de revenus. Naweza Kaba, veuve et mère de six enfants, témoigne elle aussi de sa dépendance à ce commerce :

« Depuis que mon mari est mort pendant la guerre, je vis de ça. On achète le bois à ceux qui coupent, on fait les fours à l’arrière du village et on vend en ville. »

Les gestionnaires du PNKB, déjà confrontés à l’insécurité et au manque de moyens, peinent à contenir cette activité.

« La pression est énorme. Nous ne pouvons pas surveiller toute la forêt en permanence, surtout quand les communautés locales considèrent la forêt comme leur seule ressource de survie », explique un écogarde sous couvert d’anonymat.

Le trafic de braises autour du PNKB n’est pas qu’un problème environnemental : c’est un symbole d’un dilemme plus profond entre la conservation des ressources naturelles et la survie des populations locales. Tant que la pauvreté et le manque d’alternatives domineront, la forêt continuera de se consumer, sac après sac.

Notons que les activites environnementaux, demandent aux autorités administratives, les ONG, et les partenaires internationaux travaillent ensemble pour offrir des solutions viables aux communautés riveraines du parc. Car protéger le PNKB, ce n’est pas seulement préserver une forêt, c’est garantir l’avenir écologique et humain d’une région tout entière.

 

Patricia Kibukila

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