La République démocratique du Congo est un pays riche en ressources naturelles. Ses multiples ressources attirent de nombreuses entreprises extractives. Cependant, il est courant d’observer au sein des communautés des initiatives locales d’exploitation des minerais. Il s’agit ici des sites d’exploitation artisanale et à petite échelle. Dans ces différents sites en provinces du Nord et du Sud-Kivu, la présence des enfants et des femmes rencontrent certains défis : violences, maladies, etc. Ces abus sont commis sur des milliers d’enfants et de femmes dont la plupart sont documentés par des organisations de défense des droits humains et celles du secteur de la gouvernance dans les industries extractives. Au côté de ce phénomène, la question d’inclusion des groupes de personnes marginalisées dans la gestion des ressources naturelles se pose. Les enfants, les femmes, les albinos, les personnes vivant avec handicap et les communautés autochtones sont sur la liste des personnes vers lesquelles une attention particulière mérite d’être soutenue.
Au cours du mois d’août 2021, un rapport de l’UNICEF sur l’impact du réchauffement climatique sur les enfants a étalé un bilan sombre de la manière dont ceux-ci sont affectés. La République démocratique du Congo a été classée à la 9ème position des pays dont les enfants sont les plus vulnérables aux chocs climatiques. Ce classement interpelle les dirigeants du monde entier sur la nécessité de mettre en place des politiques qui soutiennent la gestion durable des ressources naturelles.
Les perturbations des saisons, les averses et la dégradation des routes impactent sur la mobilité des enfants vivant avec handicap. Certains enfants vivant avec handicap ne peuvent plus aller à l’école parce que des ponts sont coupés, leurs salles de classe sont inondées ou carrément n’ont pas des tricycles pour assurer leur mobilité.
Il y a de cela 6 ans, un article de la chaîne allemande DW rapportait qu’en Afrique, seuls 10 % des enfants handicapés vont à l’école. Et 80% des adultes handicapés n’ont pas d’emploi. Pour la plupart, cela revient à une vie de pauvreté et de discrimination.
D’après une publication en 2018 d’Afrique Renouveau, la principale publication de la section Afrique du Département de l’information de l’ONU, plus de 80 millions d’Africains vivent avec un handicap, problèmes et santé mentale et malformations congénitales inclus.
Pour sa part, le psychologue clinicien Semu Sikulimwenge Vincent de Goma en République démocratique du Congo fait savoir que le réchauffement climatique affecte la santé mentale des communautés. Les besoins d’assistance psychologique ne cessent d’accroître dans les régions où les perturbations sont les plus ressenties. A ce sujet, il n’est pas exclu les albinos, les personnes vivant avec handicap et les peuples indigènes qui sont d’une manière ou d’une autre victime des discriminations.
Peuples indigènes et lutte contre le changement climatique
La BBC rapportait en avril 2022 « Comment les peuples indigènes combattent le changement climatique avec succès ». Dans cet article, il est mentionné que la combinaison des connaissances indigènes à la science occidentale permettrait de mieux s’adapter à la crise climatique.
Cependant, de nombreuses communautés indigènes dans le monde continuent de décrier le faible niveau de leur implication dans les grandes décisions de la conservation des ressources naturelles dont elles dépendent. C’est notamment le peuple pygmée de la République démocratique du Congo.
Un rapport de l’ONG Rights and Resources Initiative (RRI) accusait une vingtaine de projets de conservation des forêts n’avoir pas respecté les droits des communautés forestières. Il s’agit ici de 20 projets dans la province de Mai-Ndombe, en République démocratique du Congo dans le cadre des programmes Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+).
Dans un article de la Voix de l’Amérique publié au mois de mars 2018, Marine Gauthier, qui observe les programmes de Mai-Ndombe pour RRI depuis 2012 expliquait à l’AFP que « Les peuples autochtones ne bénéficient tout simplement pas de REDD+ parce qu’il n’y a pas de plan de partage » des fruits de ces projets avec les populations locales ».
Des inégalités perceptibles
Dans les zones périphériques au Parc National de Virunga dans la Province du Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, les confrontations permanentes sont rapportées entre les communautés locales et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ICCN.
Des terres agricoles qui ne produisent plus en suffisance ou d’insuffisance d’espace arable pour les communautés riveraines du parc poussent celles-ci à solliciter de nouveaux terrains cultivables. Certains de ces terrains sollicités se trouvent dans les aires protégées dont le Parc National de Virunga PnVi.
Des actions de délimitation participative du PnVi sont régulièrement menées. Cependant, un terrain d’attente a souvent été difficile à trouver entre conservateur des aires protégées et communautés locales « ici appelées peuples indigènes ».
Ces communautés qui ressentent déjà le poids des perturbations des saisons dues au changement climatique espèrent compenser leur manque en ressources en exploitant quelques espaces dans les aires protégées.
Au mois de mars 2012, reliefweb.int a relayé une information de la Radio Okapi qui alertait sur l’expulsion de 553 ménages de Ndwali, une localité du parc national de Virunga. Ces familles avaient trouvé refuge dans la localité de Kamandji à environ 210 km de Goma (Nord-Kivu) où ils ont passé des jours sans assistance.
L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) les a délogés trois mois après la diffusion, sur les antennes des radios locales, du communiqué interdisant la pratique de l’agriculture dans le parc de Virunga. Le comité de crise de ces expulsés qualifie cette opération d’acte de sabotage parce qu’elle a été menée au moment de la récolte des cultures, note Radio Okapi.
Vers un cycle de conflit entre gardes-parc et autochtones
10 après cet incident, soit avril 2022, la société civile a accusé les gardes-Parc de Virunga d’avoir arrêté une vingtaine d’agriculteurs à Ndwali. Ces gardes reprochaient à ces paysans d’avoir dépassé les limites du parc pendant la récolte de leurs produits. Selon la Radio Okapi qui cite la société civile de Kamandi, ces agriculteurs avaient été molestés avant d’être emmenés à la prison de Kiringa en territoire de Rutshuru. Les éco-gardes ont également brulé les pirogues qui leur facilitent à évacuer les produits agricoles vers d’autres entités, rapporte la même source.
Pour faire à la crise climatique, des zones forestières qui appartenaient jadis aux communautés indigènes se sont vues attribuées de nouveaux statuts des aires protégées. Les autochtones, ne trouvant pas leur part dans les projets de conservation, se voient toujours dans une position de bras de fer avec le gouvernement et certains ONGs.
Pour cairn.info[1], le conflit entre les autochtones et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ICCN n’est plus une affaire entre ces deux parties. Cela implique déjà le pouvoir judiciaire pour trouver des solutions durables à leurs différends.
Ces différends persistant entre les autochtones l’ICCN peint un tableau sombre des inégalités dans la répartition des revenus issus de la conservation des ressources forestières et des aires protégées dont les parcs.
Dans un rapport publié en octobre 2022 à Genève, l’Institut de recherche des Nations Unies pour le Développement Social UNRISD fait appel à la création d’un nouveau contrat éco-social pour construire un avenir plus égalitaire. Son approche repose sur des économies alternatives, des politiques sociales transformatrices et le renforcement de la solidarité.
L’effondrement des économies de certains pays dans le monde au cours de la pandémie du Covid-19 démontre l’impact des inégalités et du faible niveau de solidarité dans un contexte de crise planétaire. Cette pandémie du Covid-19 a permis d’ouvrir de nouveaux horizons de discussion sur les différentes répercussions sur l’environnement, les groupes de personnes marginalisées et les politiques économiques.
Daniel Makasi Mahamba
Journaliste à Goma/RDC
Article du même auteur : Albinos, peuples indigènes et personnes vivant avec handicap face aux effets du changement climatique
[1] (https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2018-1-page-57.htm?contenu=article)