La controverse enfle autour d’un épisode vieux de plus d’une décennie dans la région de Lubero, près de la Réserve de Gorilles de Tayna, en territoire de Lubero, au Nord-Kivu. Kambale Kighoma Guillaume, qui se présente comme « protecteur de la biodiversité », affirme avoir risqué sa vie en 2009 et 2011 pour sauver deux bébés gorilles des mains de groupes armés, avec l’appui de GRACE Gorillas. Il dénonce aujourd’hui l’absence de reconnaissance et le non-paiement de primes qu’il estime lui être dues.
Selon lui, les deux primates, Kighoma (février 2009) et Ihome (juin 2011) ont été extraits illégalement par des milices avant d’être remis à GRACE Gorillas, qui les a transférés vers son sanctuaire de Kasugho. L’organisation, basée en RDC et aux États-Unis, l’aurait directement mandaté pour ces opérations. « Jusqu’à aujourd’hui, mes sacrifices n’ont reçu ni reconnaissance formelle, ni prime mensuelle promise », déclare M. Kambale, pour réclamé ses droits.
Dans une lettre rendue publique, il sollicite l’intervention d’instances judiciaires et de la société civile pour : faciliter un dialogue avec GRACE Gorillas, obtenir ses primes, dénoncer ce qu’il appelle la « malhonnêteté scientifique », et encourager une meilleure protection des défenseurs locaux de la biodiversité.
Réaction de GRACE Gorillas et de la RNT
Contactée par notre rédaction, GRACE Gorillas rejette les accusations de M. Kambale, qui est d’ailleurs un ancien haut cadre de la Réserve Naturelle de Tayna Gorilles de Tayna (RGT). Selon un représentant de l’organisation, l’intéressé aurait effectivement collaboré ponctuellement sur des opérations de sauvetage, mais sans contrat de travail formel ni engagement à des primes mensuelles. L’organisation affirme que la reconnaissance de son action a été publique et cite la mention de son nom dans des communications officielles à l’époque. « Nous saluons la contribution de toutes les personnes qui œuvrent pour la conservation, mais nous ne pouvons pas accepter de revendications financières infondées plus de dix ans après les faits », ajoute le représentant.
Une source proche de la RNT précise par ailleurs que M. Kambale Kighoma Guillaume n’a jamais été un agent de GRACE Gorillas, mais un ancien cadre de la Réserve Naturelle de Tayna , qu’il a quittée après avoir été licencié pour plusieurs détournements de fonds présumés lorsqu’il occupait le poste chef de site et puis de Directeur des programmes.
Pour GRACE, les accusations d’intimidation et d’injustice sociale seraient « sans fondement », l’organisation soulignant que ses relations avec M. Kambale se sont interrompues depuis plus d’une décennie et qu’aucune procédure judiciaire n’a jamais établi un tort à son égard.
Un conflit qui dépasse la simple revendication
Si la querelle porte officiellement sur des primes impayées et une reconnaissance manquante, plusieurs observateurs locaux estiment que la démarche de M. Kambale s’inscrit dans un contexte plus large de tensions personnelles avec GRACE. Certains partenaires de la conservation évoquent, sous anonymat, un désir de revanche alimenté par des différends anciens et des frustrations accumulées. Pour eux, l’affaire révèle autant un contentieux administratif qu’une tentative de solder un passif relationnel.
Dans un secteur où la confiance et la collaboration sont essentielles, ce conflit traduit des anciennes querelles qui peuvent fragiliser des initiatives de conservation pourtant vitales. Pour rappel, Kambale Kighoma Guillaume est un ancien cadre au sein de la RNT, où il occupait le poste de Chef des programmes. Mais également GRACE est l’un des projets initiés par la RGT avec mission la protection, Rehabilitation et éducation des bébés gorilles orphelins dans le but de les réintroduire dans leur milieu naturel (forêt) où ils sont plus heureux de vivre.
La rédaction