De plus en plus des villes naissent, grandissent et se consolident en Afrique. Tout comme dans plusieurs régions du monde, d’Afrique et de la RDC, les populations civiles croissent mais les infrastructures de base demeurent quasi insuffisantes, sinon absentes.

Du côté infrastructures sanitaires et ou hygiéniques, plusieurs cités n’en disposent pas, en disposent moins, sinon alors jamais.

Pourtant, cet aspect est à la base d’un déséquilibre socio-sanitaire, voire écologique, malheureusement responsable d’une game des maladies, y compris celles dites des mains sales. Dans une étude publiée en Décembre 2017, medium.com note que << Le manque de toilettes salubres a un grave impact sur la santé des populations, entraînant et exacerbant des maladies telles que le choléra, les diarrhées, l’helminthiase et le paludisme…>>.

La même étude poursuit qu’en << Guinée, près de 4,550,107 personnes n’ont pas accès à un assainissement de base, dont 2,397,896 enfants de 0 à 17 ans…>>.

Le taux de couverture en assainissement des populations poursuit ladite étude, << reste toujours faible au niveau national, à 53,4%. Ce taux est de 32,3% en zone rurale et 87,4% en milieu urbain selon l’enquête MICS 2016…>>.

*Cap sur la RDC…*

Dans un article publié sur l’agence Congolaise de presse publié en Avril 2022, l’organisation mondiale de la santé OMS, note que << la RDC connaît une recrudescence des maladies dites des mains sales, notamment le choléra, la fièvre typhoïde, le paludisme, les maladies diarrhéiques et les verminoses…>>, dues toujours au manque des toilettes et infrastructures sanitaires salubres.

Par ailleurs, des effectifs variant entre 70 et 90 millions de la population voire même plus, n’ont pas accès aux toilettes salubres au Congo-Kinshasa, à en croire le fonds des nations unies pour l’enfance UNICEF.

Pourtant, le sixième objectif de développement de l’organisation des Nations Unies « ONU » stipule que la communauté internationale doit garantir l’accès aux toilettes à tous d’ici à 2030 : « Nous devons d’ici  2030, assurer l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles ainsi que des personnes en situation vulnérable»…

*L’usage des toilettes insalubre,… Ça pèse sur l’économie Congolaise…*

<< La contamination de l’environnement par les selles et l’usage des toilettes mal entretenues, est la cause majeure d’une moyenne annuelle de 23.000 cas de choléra affectant la RDC, dont la prise en charge coûte autour de 14 millions de dollars…>>, croit-on au site internet « water and sanitation program, WSP », cité par https://www.radiomoto.net/2021/12/29.

Le même site poursuit, dans le même angle, que chaque année, << la RDC perd 208 millions de dollars, soit 1,6 % de son produit intérieur brut, pour soigner les plus ou moins  46 millions de Congolais utilisant des latrines insalubres ou partagées…>>. Une réalité qui révolte.

*Pourtant des solutions existent…*

Face à ce fléau à la fois sanitaire et écologique, des solutions existent. Elles doivent avant tout, consister essentiellement à abandonner les sales et promouvoir les bonnes habitudes, qui supposent se méfier des pratiques telles que la défécation en plein air.

Dans cette optique, acted.org, a aussi démontré dans une étude menée en 2013 en Afghanistan, que << le passage de la défécation en plein air à l’utilisation d’un assainissement amélioré a un impact de 36% sur la réduction de la morbidité infantile liée aux maladies diarrhéiques…>>.

*Et cela se concrétise à Goma…*

Préoccupé par cette hécatombe sanitaire et écologique, un citoyen Congolais du nom de Blaise KAMBALE MAFUNGULA, a conçu « un urinoir public mobile intelligent ». Cette œuvre a même été présentée à l’autorité urbaine les avant-midi du 7 Décembre 2022, à la mairie de Goma.

Cette architecture est la résultante d’une dizaine d’années d’incubation d’idées, a rapporté son concepteur. Pour dissiper les odeurs et les infections susceptibles de provenir de ce lieu d’aisance, son architecte l’a monté de manière ingénieuse, qu’il lui a joint un dispositif de désinfection automatique et un autre servant à évacuer les odeurs. En plus, des boules désodorisantes seront permanemment placées dans les cuves respectivement d’usage féminin et masculin, pour répondre à ce problème.

Cet urinoir qui n’était qu’un échantillon, sera d’après Mafungula, associé à d’autres qui seront placés dans des lieux publics en vue de servir les populations de Goma qui depuis longtemps, étaient dans le besoin de cette infrastructure sanitaire. À seulement 200 FC, ajoute son concepteur, tout usager aura le plein droit de s’en servir avec quiétude. Il lance un appel aux bonnes volontés, à lui venir en aide pour faire autant de dispositifs enfin de lui permettre de desservir toute la ville de Goma.

*Une solution à la pudeur…*

Au nom de son titulaire en mission, le Maire adjoint de Goma, le commissaire supérieur Principal Kapend Kamand Faustin, a salué l’ingéniosité avec laquelle l’œuvre lui présentée a été faite. Il a par la suite encouragé son concepteur. D’après l’autorité, par son œuvre, Blaise KAMBALE MAFUNGULA vient contribuer à la résolution du problème « d’hygiène et de pudeur » en ville de Goma, encore que « les autorités ne doivent pas laisser la population faire le grand ou petit besoin n’importe où ».

*Un urinoir à la fois écologique…*

Compartimenté en deux, ledit urinoir est conçu de façon à permettre la collecte des urines qui, par la suite, seront traitées pour enfin servir d’engrais biologiques utilisables dans les jardins potagers en vue de la production des légumes et autres plantes maraichères, a expliqué Mafungula. << Toutes les urines qui seront collectées à partir du réservoir de notre urinoir que vous voyez, seront traitées pour qu’elles servent d’engrais biologiques dans nos jardins. Et cela va nous aider à accroître notre production légumière et maraîchère…>>, nous a expliqué fièrement Blaise KAMBALE MAFUNGULA.

*Des urines humaines dans la production végétale… fiction ou science ?*

Nombreux n’y croient pas. Mais c’est une pratique déjà scientifiquement prouvée et incontestablement productive. Dans l’agglomération de Shasha, groupement Mupfuni Shanga, chefferie des Bahunde en territoire de Masisi, province du Nord-Kivu, partie orientale de la RDC, Paul Kanyama, un agriculteur interrogé par lesvolcansnews.net, a témoigné que les urines humaines étaient un engrais fiable.

Lui qui l’utilisait déjà dans son jardin, a affirmé que cette urine est même devenue un produit commercialisable. « On utilise les urines d’une personne dans nos champs, on conserve ces urines pendant deux ou trois semaines voire un mois pour les verser dans le champ improductif. Juste après avoir labouré, on verse quelques urines. Une fois on a fini à planter la culture, on verse encore et croyez-moi, la production devient inimaginable à la récolte » confiait Paul Kanyama.

Après avoir découvert ce secret, nombreux se sont investis dans l’usage de cette denrée. Et cela, la loi de l’offre et de la demande agissant, a fait que cette matière soit aujourd’hui devenue un produit de commerce. << Pour moi et même les autres, on achète un bidon de 20 litres à 12.000 FC (l’équivalent de 6 dollars Américains). Ça coûte cher mais c’est très efficace », nous a révélé Paul Kanyama.

Leader de l’approche « ecosan » (écologie sanitaire), le consortium de l’agriculture urbaine de Butembo CAUB, a expérimenté depuis des années, l’usage des urines et défécations humaines dans le jardinage à Butembo (capitale commerciale de la RDC, située dans la partie grand Nord de la province du Nord-Kivu).

D’après Jacques Penda, un des anciens apprenants au CAUB,  l’approche « ecosan » dans la filière de l’usage des urines (riches en azote) et défécations humaines dans le jardinage, est non seulement économique et efficace, mais aussi salutaire pour les sols sur lesquels elles sont utilisées, en ce sens qu’elles gardent intactes les propriétés physiques, et biochimiques du sol, sans dégâts sur sa pédo-faune, sans influence néfaste non plus sur son PH (Potentiel en hydrogène).

Il est donc désormais possible et prouvé, de faire des urines humaines qui polluaient, une véritable opportunité écologique, en les utilisant comme engrais biologiques dans nos jardins potagers.

John TSONGO/ Goma-RDC

198 thoughts on “RDC: la ville de Goma désormais dotée d’un urinoir écologique public mobile intelligent!”
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