Plus de vingt journalistes et influenceurs de Goma et Nyiragongo ont participé à une formation intensive organisée par la branche humanitaire de Radio France Internationale (RFI) du 15 au 17 Avril 2025. Cette initiative visait à renforcer leurs compétences sur des thématiques cruciales telles que le processus de consolidation de la paix, l’identification et la gestion des discours de haine, la prévention des conflits, ainsi que la promotion du vivre ensemble.
Contexte de la Formation
L’idée d’organiser cette formation découle de la situation délicate dans laquelle œuvrent ces journalistes et influenceurs. En effet, la région fait face à une prolifération des discours de haine et de désinformation, exacerbant ainsi le cycle des conflits. Selon Me Bashwira Zacharie, le Coordonnateur du Club RFI Goma, cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « Youth leading the way for peace in the North-Kivu » [Ndrl : Les jeunes ouvrent la voie pour la paix au Nord Kivu]. Ce projet repose sur l’éducation à la paix, la prévention des conflits identitaires et communautaires, ainsi que la promotion d’une cohabitation pacifique.

L’objectif principal de cette formation est de sensibiliser et d’impliquer les jeunes dans la recherche de la paix et le vivre ensemble entre les communautés, malgré leurs différences. Pour Me Bashwira Zacharie, Coordonateur du Club RFI Goma, cette approche représente un atout essentiel pour le retour à la quiétude dans la région. À l’issue de cette phase de récapacitation, les journalistes se sont engagés à contribuer au retour de la paix.
Thématiques abordées
Au cours des trois jours de formation, les intervenants ont abordé plusieurs notions essentielles : les conflits, la paix, la désinformation, les discours de haine, et le rôle des médias dans la consolidation de la paix. Les participants, venus des communes de Goma, Karisimbi et du territoire de Nyiragongo, ont pris l’engagement de mettre en pratique toutes les notions retenues durant ces jours d’apprentissage.

Témoignages des participants
Parmi les participants, Prisca Mwenge, influenceuse et comédienne connue sous le pseudonyme de « The Drunker », a promis d’inclure la démarche pour la paix dans ses productions. Elle a déclaré :
«Ces 3 jours ont été bénéfiques pour moi. Je ferai en sorte que mes nouveaux éléments en tiennent compte. La persistance des conflits ne nous permet pas d’avancer, c’est le moment pour nous de construire et, cette construction demande que chacun intervienne dans son domaine respectif. Comme comédienne, en faisant rire, j’éduquerai aussi sur la paix.»

Un autre artiste, Musafiri Kalinda, connu sous le pseudo de «Pasteur Cascadeur», partage cet avis. Il souligne qu’au-delà du rire, il est temps que les habitants comprennent qu’en dépit de nos différences, nous pouvons vivre ensemble.
Dans le rang des journalistes, l’écho résonne également dans le même sens. Saint Janvier Zihalirwa, journaliste et directeur de Shekinah FM à Goma, a déclaré :
« Nous sommes dans une région où les conflits ont élu domicile. Malheureusement, cela n’avantage personne. Par ailleurs, si chacun apporte une pierre à la construction de l’édifice qui est ici la paix, nous pouvons retourner la situation. Personnellement, je compte m’y investir pour que les choses changent.»

Keren Ndivito, journaliste à la radio Colombe FM, pense de la même façon. Elle affirme :
« Ce n’est pas via le canal des journalistes et autres professionnels des médias que les discours de haine, la désinformation ou autres anti-valeurs doivent passer. Par contre, l’engagement est de lutter contre la propagation de ces facteurs incendiaires dans la communauté.»
Kasay Immaculée, de la Radio Soleil Levant de Nyiragongo, a également exprimé son engagement. Elle a indiqué que chacune de ses productions à venir impliquera désormais un regard sur la cohabitation pacifique. Pour elle,
« la traque des désinformations et discours de haine commence. Il est temps de devenir journaliste sensible aux conflits. »
Réactions des formateurs et organisateurs
Ces prises de position des journalistes et influenceurs formés semblent satisfaire les facilitateurs. David Kalenda, Journaliste et Directeur de Pole FM, qui était l’un des formateurs, n’a pas caché sa satisfaction. Il a déclaré :
« Mon objectif était d’arriver à faire comprendre aux participants qu’ils ont le devoir d’intervenir et de contrer la désinformation et les discours divisionnistes qui essayeraient de passer par eux. Les voir prendre un tel engagement ne fait que me réjouir.»

Pour les organisateurs, après la formation, il est temps de passer à l’action. Me Bashwira Zacharie indique que la matérialisation de l’engagement des formés se verra dans le changement du narratif au sein des communautés. Selon lui, les répercussions se feront sentir dans le comportement de la population. Il souligne également que l’engagement des participants constitue la première étape et que cela ne peut que réjouir. Les mots de Me Bashwira Zacharie résonnent comme un appel à l’action collective et à la responsabilité individuelle au service de la paix. Les efforts déployés par ces acteurs de la société civile pourraient faire une différence tangible dans la communauté si et seulement les participants se lancent efficacement sur terrain.
Il est important de rappeler que le projet « Youth leading the way for peace in the North Kivu » n’est qu’au début de sa phase pilote. Ce projet se poursuivra jusqu’à la fin de l’année et bénéficie d’un soutien financier de l’Institut für Auslandsbeziehungen (ifa), une organisation du droit allemand engagée dans la promotion des échanges culturels et des relations internationales.
Stoïcien Sky Lwembo