Les forces d’autodéfense ont pris l’ascenseur depuis la réapparition du Mouvement du 23 Mars. Applaudies grâce aux efforts fournis dans la lutte contre ce groupe rebelle rwandais, ces jeunes sont pointés d’être à la base de plusieurs cas d’insécurité dans les zones où ils sont présents.
Ils sont le résultat de plusieurs années de souffrance et d’insécurité imposées par le Rwanda. Contrairement aux forces qu’ils combattent [M23 soutenu par le Rwanda], ces jeunes Wazalendo ne sont pas suffisamment soutenus par le gouvernement congolais qu’ils servent directement ou indirectement.
Armés et pas très bien encadrés, ces jeunes patriotes sont tentés de retourner leurs armes contre les populations qu’ils ont à la base l’intention de servir.
Les observateurs et analystes ont des avis divergents sur l’avenir de cette force. Certains encouragent et louent le degré du patriotisme que témoignent ces jeunes dépourvus de soutien suffisant pendant que les autres trouvent que c’est une bombe latente.
Entre les deux avis, un seul point les met d’accord : «Le gouvernement congolais doit tout faire pour encadrer ces jeunes ».

Le Professeur Dady Saleh est l’un des ceux qui pensent que les vrais patriotes ne sont pas ceux au sommet de l’Etat, encore moins ceux qui le crient à longueur des journées. Pour lui, le vrai patriote c’est celui qui sacrifie sa vie pour la nation, et, l’exemple vivant c’est le cas des Wazalendo. « Ne pas reconnaitre le travail abattu par nos compatriotes est un signe d’ingratitude exagérée. Ils decident de se sacrifier pour la patrie, quel politicien ferait ça? Ils sont à se battre pour des postes et laisser le peuple. Quand le peuple décide de se prendre en charge, c’est la meilleure révolution que tous devons louer »; estime le Professeur Saleh. Celui-ci ne les sanctifie pas totalement. Il estime que certaines brebis incontrôlées dérapent mais, cela ne devrait pas être généralisé. «Comme dans chaque groupe, il y a ces faux wazalendo qui se font passer pour des patriotes pendant qu’ils ne le sont pas. Et ce sont ces derniers qui commettent des actes décriés par la population. » a poursuivi le Professeur Saleh.
D’un autre côté, certains estiment que ces wazalendo sont loués parce qu’ils ont une cible : le M23. Quand ils n’en auront plus, ils se retourneront contre la population. Didier Matumaini, un habitant de Goma partage cet avis. «Il est clair que tous les bandits, même les voleurs à mains armées de l’époque se promènent avec les armes de tout genre présentement et cela en toute quiétude. Ça se comprend parce que nous sommes en guerre, mais quand elle finira, que fera-t-on de tous ces gens? Sont-ils à combien déjà même ? Le gouvernement devrait muser sur le long terme… » s’inquiète cet habitant.

C’est presque cet avis que partage la coordination du Club des Intellectuels Africains qui estime que le gouvernement a une grande part de responsabilité dans la suite des événements. « Encourager les jeunes wazalendo est la chose la plus simple qui puisse exister. Le gros c’est dans le futur : certes, comme pour tout envahisseur, la finalité c’est sa défaite ; le M23 sera vaincu. Mais, que deviendront ces jeunes? Seront-ils intégrés dans l’armée? Si oui, de quelle façon? Ils sont à combien? Sinon, quelle sera leur suite? Les armes qu’ils utilisent? À part la lutte contre le M23, quelles sont les autres motivations qu’ils ont ? Est-ce que Kinshasa est capable de répondre à toutes leurs attentes? Le questionnement est intense, peut-être au gouvernement, nous encourageons de prendre en compte le futur, l’après M23 car sinon, ces memes wazalendo risquent de se retourner contre la population et, cela devient un cercle vicieux. »; estime la coordination de cette organisation panafricaine.
En gros, les patriotes résistants wazalendo sont à la fois une manne venue du ciel et une bombe à retardement pour la population congolaise et surtout la partie Est de la RDC. Leur vraie identité reste à définir surtout par le gouvernement congolais qui devra tout mettre en place pour briser le cercle vicieux d’insécurité dans cette partie.
Stoïcien Sky Lwembo