En République Démocratique du Congo (RDC), la journée mondiale de l’hygiène menstruelle célébrée chaque le 28 Mai de l’année revêt une signification particulièrement difficile. Malgré les efforts, de nombreuses femmes et filles continuent de faire face à des obstacles considérables pour gérer leurs menstruations dignement et en toute sécurité, une situation exacerbée par le contexte actuel de conflit armé dans l’est du pays.
Pour des milliers de femmes et de filles en RDC, l’accès aux bandes hygiéniques et autres accessoires essentiels est un défi de taille. Le coût élevé des produits et le manque de disponibilité, particulièrement dans les zones affectées par les conflits, les poussent à recourir à des alternatives dangereuses.
Dans la ville de Bukavu , la ville capitale de la province du sud-kivu, Noella Ponga, élève au lycée local, partage son expérience difficile : « Pendant mes règles, je me sens souvent gênée d’aller à l’école. Il n’est pas facile de trouver des serviettes hygiéniques abordables. Parfois, je dois manquer des cours parce que je n’ai pas les moyens d’acheter ce dont j’ai besoin. » Ce témoignage motre l’impact direct du manque d’accès sur l’éducation des jeunes filles, les forçant à s’absenter et à compromettre leur parcours scolaire.
Jamilla Mudekereza une femme de la même ville renchérit, évoquant les pratiques dangereuses observées dans sa communauté : » Beaucoup de femmes n’ont pas accès à des produits d’hygiène menstruelle. Elles utilisent des morceaux de tissu ou même des feuilles, ce qui n’est pas seulement inconfortable mais aussi dangereux pour leur santé. » Ces pratiques archaïques exposent les femmes à un risque accru d’infections vaginales et d’autres problèmes de santé graves.
L’hygiène menstruelle va bien au-delà du simple confort ; elle est intrinsèquement liée à la santé physique et mentale, ainsi qu’à l’éducation des femmes et des filles. Un professionnel de la santé du centre de santé de la commune de Bagira souligne l’importance vitale d’une bonne hygiène menstruelle : » Une bonne hygiène menstruelle peut prévenir les infections vaginales et d’autres problèmes de santé, car ça permet aux filles de poursuivre leurs études sans interruption. En effet, lorsque les femmes et les filles ont accès à des produits appropriés et à des informations sur la gestion menstruelle, elles sont plus susceptibles de rester à l’école et de participer pleinement à la vie communautaire. Cela contribue non seulement à leur épanouissement personnel, mais aussi au développement socio-économique de leur communauté. «
Le manque d’accès à des produits sûrs et abordables représente donc un obstacle majeur à l’émancipation des femmes et des filles en RDC. Il freine leur participation à la vie sociale et économique et les enferme dans un cycle de vulnérabilité.
La journée Mondiale de l’Hygiène Menstruelle n’est pas seulement un rappel à l’importance de l’hygiène intime ; elle est aussi un appel aux autorités nationales ,locales et aux organisations internationales. Il est impératif de renforcer l’appui à l’hygiène menstruelle, notamment par l’octroi d’outils hygiéniques nécessaires aux classes moyennes et aux personnes défavorisées.
Un rapport mondial de l’UNICEF et de l’OMS révèle des lacunes majeures en matière de santé et d’hygiène menstruelles dans les écoles.
A l’occasion de cette journée l’année passée, les rapports de l’OMS et UNICEF à New-York/ Genève ont prouvé que partout dans le monde, les besoins en matière de santé et d’hygiène menstruelles sont négligés en raison d’un accès limité à l’information, à l’éducation, aux produits et aux services de base, ainsi qu’en raison d’installations inadaptées et d’inégalités persistantes.
Notons que selon certaines organisations féminines du milieu, offrir à chaque femme et chaque fille la possibilité de vivre ses menstruations avec dignité, confort et sécurité est un impératif sanitaire et un droit fondamental. En s’engageant collectivement à faire entendre les voix des opprimés et à promouvoir leur bien-être, le monde peut transformer cette journée en un catalyseur pour un avenir où chaque femme et chaque fille en RDC pourra vivre ses menstruations sans honte ni souffrance.
Patricia Hélène